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mercredi 9 janvier 2008

La Théorie de l'Esprit

Après la lecture d'un article de Jean-Adolphe Rondal, publié dans la revue Glossa-cahiers de l'UNADRIO-septembre 2007-numéro 101, qui s'est révélée être très intéressante, je me suis dit, qu'en poursuivant l'esprit Bazar, je pourrais également parler ici d'un sujet pointu et technique de psycholinguistique.
Donc, attention, billet ou très barbant ou très...




La Théorie de l'esprit a pour base les différents travaux de Premack et Woodruff (1978) "Does the chimpanzee have a theory of mind?" qui prétendent que les chimpanzés possèdent les capacités cognitives nécessaires pour "lire" les états d'esprit et décoder les intentions de leurs congénères.
Le psychologue animalier De Waal l'explique dans le l
ien affectif associé au besoin de collaboration chez les mammifères sociaux.

La théorie de l'esprit, terme assez vague, renvoie à l'intersubjectivité, l'ensemble des mécanismes mentaux et des connaissances qui permettent d'interpréter les états d'esprit d'un congénère.
Il est vraisemblable que cette capacité trouve sa source dans des structures neuronales (neurones-miroir) présentes principalement dans les cortex frontal et pariétal.
Ces neurones ont la particularité de répondre quand un congénère exécute une action alertant les structures nerveuses responsables de la gestion des mêmes actions chez la personne qui observe, fournissant une expérience interne et à partir de là, une sorte de compréhension intuitive des actions et états affectifs de l'alter ego.
Je pourrais prendre comme exemple un congénère qui fronce les sourcils et fait "les gros yeux" car il est en colère.
Vous l'observez, vos yeux voient ces actions, envoient le message au cerveau, qui, par le biais des neurones-miroirs, activent les zones de la colère dans votre cerveau. Vous activez
les mêmes zones que votre congénère.
Alors se créent des liens dans votre cerveau, des codes, une compréhension, une corrélation entre ces gestes et le sentiment de colère.
Lorsqu'un congénère fronce les sourcils et fait les gros yeux, on comprend tout de suite quels
sentiments l'animent.

Un lien étroit paraît donc exister entre l'organisation motrice des actes intentionnels et la capacité à comprendre les mêmes actes chez les autres.
On sait maintenant que les zones des neurones-miroirs et les zones du langage sont très proches.
Ce système a très certainement joué un rôle important dans l'évolution du langage.

La corrélation théorie de l'esprit/langage se remarque fortement lorsque l'on décrit le syndrome d'Asperger dit "autisme de haut niveau". 'Rain Man ou plus récemment, pour ceux qui connaissent la série: Bob dans Re Genesis.
Il n'existe pas de retard de développement et d'acquisition du langage, au contraire, plutôt une précocité avec des capacités intellectuelles supérieures.
Les difficultés se situent dans le fait d'interpréter tout énoncé littéralement, avec une compréhension réduite du langage figuratif, activités qui impliquent une "lecture de l'esprit de l'interlocuteur".
Des adultes porteurs de syndrome d'Asperger rapportent qu'ils ont le plus grand mal à comprendre les intentions de l'autre, ne réussissant pas bien à distinguer la réalité de la fiction, peinant à "lire entre les lignes" et à saisir l'humour et les sous-entendus.
Ces personnes expriment peu leurs motions, leur expérience non-verbale est pauvre et la parole monotone.
Elles ont des difficultés à percevoir et comprendre les émotions des autres, à comprendre les règles de vie sociale.

Il semble évident que la théorie de l'esprit a un rôle dans le développement et inversement.
Il existe une interactivité, notamment entre l'adulte et l'enfant, où l'adulte fournit les contextes linguistiques et extralinguistiques favorisant l'association des significations particulières de ces verbes aux états d'esprit de l'interlocuteur. (exemple : l'humour, les métaphores, les discours figuratifs...)
Les interventions de l'adulte ne créent pas une théorie de l'esprit chez l'enfant.
Elles sont efficaces si et seulement si ces derniers disposent des ingrédients de base pour ce type de construction.
Pour que votre enfant ait de l'humour, comprenne le second degré, il faut que vous lui fassiez des blagues...tout en espérant qu'il ait "le matériel" pour les comprendre et appréhender le contexte.

Vous avez tenu jusqu'au bout?
Ai-je été compréhensible?
Il m'est difficile de voir si vous froncez les sourcils et plissez les yeux car vous réfléchissez.!.!.

6 commentaires:

Sociétés et Décadence a dit…

Très bon billet, Noémie. Aussi, c’est très bien écrit et très bien expliqué.

Anonyme a dit…

je hausse les sourcils et les coins des lèvres
je suis heureux
:-)
c'est mieux comme cela
;-)

chaleureusement

Anonyme a dit…

passionnant, ce sujet fut largement développé, notamment par le Dieu de la pragmatique au congrès de la FNO à BIARRITZ, j'ai cité MARC MONFORT!
J'ai le CD des interventions, si tu le veux, je te l'envoie par la poste, bizzzzzzz

Virginie a dit…

mais tres volontiers!

Anonyme a dit…

Je m'adresse à Clairette, je suis très intéressée par le CD des interventions du congrès de la FNO à Biarritz car je suis en plein mémoire d'orthophonie sur ce sujet!
merci de me contacter à cette adresse pour me dire si envoie est possible : soudansdelphine@yahoo.fr
Merci d'avance !

Anonyme a dit…

"Pour que votre enfant ait de l'humour, comprenne le second degré, il faut que vous lui fassiez des blagues.."
Personnellement, j'ai jamais eu le même sens de l'humour que mes parents, et dès le plus jeune âge j'ai développé avec mon frère un humour que mes parents étaient bien incapables de comprendre.. non pas qu'ils soient dénués d'humour ! mais ya plusieurs degrés dans l'humour et la plupart des gens s'arrete au deuxième. jdois avoir la zone de l'humour surdimensionnée ou chais pas..